Lettre à Jean-Christophe GRELETTY du 17 avril 1996 par Jean-François Chazerans

Cher Jean-Christophe,

Socrate : « Quel bonheur ce serait, Agathon, si le savoir était chose de telle sorte que, de ce qui est plus plein, il pût couler dans ce qui est plus vide, pourvu que nous fussions, nous, en contact l’un avec l’autre ; comme quand le brin de laine fait passer l’eau de la coupe la plus pleine dans celle qui est la plus vide » (Platon, Le Banquet, 175d, traduction Léon Robin, Les Belles Lettres, 1985, p 6-7). L’enjeu de l’information est-il aussi là ? est-il dans la possibilité de l’existence et dans les modalités de ce sacré bout de laine ?

Le "leibnizien" que je suis ne pouvais pas ne pas essayer de réfléchir sur les "liens" dans ce domaine précis qui est l’information. Je suis un peu comme Descartes au début de la 2nde méditation, (pas au chaud dans un poêle mais devant mon ordinateur) : l’article que j’ai écrit et que je t’envoie m’a rempli la tête de doutes et je suis obligé de nager entre deux eaux. N’ai-je pas défoncé des portes ouvertes ? Après rédaction de cet article, je me rend compte qu’écrire sur l’actualité nous met dans une situation d’urgence qui se concilie difficilement avec la nécessité de vérifier la pertinence de ce qui est avancé. Je suppose toutefois que jamais je ne pourrai prendre pied au fond ni remonter à la surface : alors il faut que je continue de retenir ma respiration ! C’est certainement perfectible. Toute remarque de ta part sera la bienvenue ! N’hésite pas à me contacter le cas échéant.

Salutations amicales,